Il ne se nourrit que de sucre

Mon épouse et moi avons deux enfants. L’aînée est une fille. Elle s’appelle Lena et a 4 ans et demi. Le plus petit, lui, est un garçon qui se prénomme Milo. Il a 1 an et demi. Hormis l’apparence physique, à des âges différents, ils n’ont rien de vraiment commun. Sur le plan alimentaire, lui est un Gargantua en herbe. Il mange tout et il aime ça. Elle, elle est plus difficile et ressemblerait plus à un moineau qui picore de-ci de-là. Elle aime fondamentalement le sucre. Et si elle ne pouvait manger que ça, elle le ferait. Nous sommes donc toujours derrière elle à nous opposer à ses demandes de chocolat, bonbons et autres merdes au goût édulcoré que l’on peut trouver partout autour de nous. Nous avons pris – contre notre propre volonté – ce rôle de stupide gendarme.

Ma fille est accro au sucre

Je tiens mes parents pour responsable de ce comportement aberrant. Et particulièrement à ma mère qui adore le sucre. D’ailleurs, elle ne le cache pas. Enfant, elle m’en gavait parce que j’étais le seul avoir les yeux bleus comme elle (!). Nous nous ressemblions, alors, pour elle, nous avions de nombreux points communs dont le sucre. « Toi et moi, nous aimons tout ce qui est sucré » disait-elle malicieusement avec un petit clin d’œil. « On est pareil !» concluait-elle avec le sourire. J’ai ainsi passé mon enfance sous antibiotique et chez le dentiste. Aujourd’hui, ma dentition est mal en point, mais ça va. Et je soupçonne fortement que mon autisme venait de cette alimentation déréglée. Avec mes connaissances actuelles, je n’ai aucun doute de la dangerosité du sucre dans notre civilisation. Alors quand Lena est née, qu’elle me ressemble et qu’elle a les mêmes yeux bleus que moi, ma mère a voulu se l’accaparer comme elle l’avait fait avec moi, petit. Bien évidemment, je m’y suis opposé. Et les rares fois où la gamine va chez ses grands parents, ces derniers la comblent de friandises et de télévision du matin au soir. J’ai beau fustiger contre ce comportement débile, mais rien n’y fait. Autant parler à un mur. Lorsqu’elle avait 4 mois, par exemple, j’ai surpris mon père nourrir la petite de gâteau au chocolat que même un adulte aurait eu du mal à terminer la part. Plus grande, j’ai vu ma mère ouvrir son sac et appeler la petite « Lena ! Regardes ce que j’ai dans mon sac pour toi » La gamine, toute heureuse, y plongea sa main et y sortit autant de bonbons que dans une usine Haribo. Et le must : comme je lui demande – entre adulte – de ne pas nourrir Lena de bonbons, elle est capable de me mentir devant l’enfant, m’affirmant qu’elle ne lui en donne pas. Mais quand je demande ce que la petite suce dans la bouche et qui sent l’anis, elle ose encore me balancer en pleine face que c’est simplement une noisette. Belle image de grands-parents responsables ! C’est dommage. Alors, très rapidement, Lena est devenue accro au sucre. Elle ne mangeait presque rien. Elle touchait à peine à son assiette. Combien de fois avons-nous jeté ses repas qui n’avaient presque pas été consommés ! Mon épouse, elle, était profondément blessée, d’autant qu’elle est bonne cuisinière et qu’elle sait ce dont un enfant a besoin.

J’ai décidé d’arrêter ce cirque

Pour arrêter ce quotidien redondant, je décidais d’y mettre mon grain de sel. Je commençais par chercher des arguments solides comme autant d’atouts dans un jeu de cartes, à poser sur la table de mes parents. Ils me prenaient pour un illuminé. J’allais donc me servir de la science pour agrémenter le débat. Dès mes premières lectures – et j’allais de surprise en surprise – je compris que c’était tellement gros, que jamais ils n’allaient me prendre au sérieux et y adhérer. Je capitulais donc, mais je n’abandonnais pas la bataille : j’étais prêt à aller au plus profond de ce mécanisme pervers qui happe les gens comme les sirènes pour Ulysse dans l’Odyssée de Homère. Je mis des mois à comprendre ce qui se passait dans notre organisme. J’ai fait aussi quelques erreurs qui m’avaient permis de découvrir les clés pour en sortir. Tout cela, je décidais de le relater dans un article consacré à ma propre expérience de sevrage au sucre. Mais ce que j’ai découvert par la suite – tout ce qui en découle – me paraissait bien plus important que de parler de moi. Je ne l’ai donc pas terminé, mais sa parution est pour bientôt dans mon autre blog (consience-et-sante.com).

Comment et pourquoi devient-on accro au sucre ?

Parents, vous devez comprendre ce mécanisme. Rassurez-vous, il est très simple. Nous mangeons des aliments. Au fur et à mesure de la digestion, ils se décomposent pour aboutir à leurs formes les plus simples, celles de nutriments, qui vont passer la barrière intestinale et se retrouver dans le sang. Ces nutriments ont des tailles moléculaires variables. Il y en a plusieurs. Si nous les classions du plus grand au plus petit, nous aurions :
  • Les macro-nutriments (maladroitement nommés « nutriments ») : glucides, lipides, protides, fibres, eau.
  • Les micro-nutriments : vitamines, certains acides aminés, sels-minéraux (calcium, phosphore, magnésium, fer, sodium, potassium, etc.) et enfin les oligo-éléments (zinc, fluor, iode, cuivre, sélénium, etc.).

glucide

Les premiers apportent les calories. Ce sont les pièces de base pour la construction de nos cellules, un peu comme les briques d’une maison. Bref, c’est la matière première. Les seconds apportent la vie. Ce sont eux qui vont permettre l’électricité, le chauffage et les sanitaires de la maison, voire même tout ce qu’il faut pour mettre les briques ensemble, isoler et même décorer l’intérieur et placer le tableau au mur. Ce sont toutes ces petites pièces dont on ne peut se passer dans notre quotidien (Imaginez ce que serait nos maisons sans vis et sans clou). Notre alimentation actuelle – parce qu’industrialisée (raffinée, pasteurisée, ajoutée en additifs pour conserver le plus longtemps possible et stockage extrêmement long, puis cuisson n’importe comment) – est riche en macro-nutriments, mais pauvre en micro-nutriments. Que dis-je ? Désertique du point de vue de ces petits éléments de base indispensables pour la vie de nos cellules et donc pour notre vie tout court ! Nous sommes donc en carence de choses essentielles à notre survie. Le corps est donc affamé, pas au niveau calorique, mais au niveau vital (les micronutriments). L’organisme se jette alors sur ce qu’il lui faudrait. Instinctivement, ce qui contient le plus de micronutriments sont les fruits frais et mûrs. Ces fruits sont sucrés naturellement. Voilà pourquoi l’organisme nous oriente vers la saveur sucrée. Malheureusement, nous avons ajouté du sucre partout. En mangeant ces choses sucrées (qui n’existent pas sous cette forme dans la nature), nous répondons à un besoin instinctif, mais nous leurrons momentanément l’organisme. Pire : nous le remettons en carence de plus belle. Et le voilà encore et toujours affamé, prêt à se jeter sur la première chose sucrée qui se trouve. En consommant donc du sucre (tel qu’on le trouve partout), vous carencez l’organisme. Et plus il est carencé, plus vous vous jetterez sur le sucre. Mauvais choix…  jusqu’au jour où vous en saisissez le mécanisme.

Pourquoi le sucre carencerait-il l’organisme ?

Parce qu’il n’existe pas sous cette forme naturellement ! Dans la nature, il est sous forme de fruit, jamais isolé comme on peut le trouver dans nos boutiques. C’est une vraie bombe qu’on nous vend. Il est tellement concentré, tellement pur, qu’il pompe dans nos propres ressources pour retrouver un équilibre. En clair, c’est comme si notre organisme tentait à nouveau de créer une pomme parce que c’est comme ça dans la nature et nous sommes, bien évidemment, issus de celle-ci. Nous sommes donc régis par les mêmes lois.

Comment savoir si mon enfant est carencé ?

C’est simple : plus il veut du sucre, plus il est carencé. Mais ce n’est pas tout ! Si vous cédez, le sucre le comblera sur le plan nutritionnel (en calories) et donc il n’aura plus faim. Vous retrouverez donc un enfant qui picore de-çi de-là comme un oiseau. Les repas à table deviendront un enfer. Ces enfants sont dits « difficiles » sur le plan alimentaire. Plus vous vous battrez contre son désir de sucre, plus cela indiquera qu’il est carencé. En réalité, vous verrez que tout tourne autour de ça. Et si vous ne le lui donnez-pas, vous maintenez sans le vouloir tout son organisme en état de carence, ce qui n’est pas vraiment bon pour un petit être qui grandit.

Comment sortir de ce cercle vicieux ?

Le plus logique serait d’abord de ne pas y entrer. Méfiez-vous de tout ce qui peut vous mettre en carence, à commencer par le sucre. Je détaillerai tout cela ultérieurement. Mais lorsque le mal est fait, que pouvons-nous faire ? Comment enrayer ce cercle vicieux ? Tout simplement en ressourçant l’organisme en micronutriments! Le besoin de sucre cède alors lentement comme neige au soleil. Ne faites pas l’erreur de continuer les apports en sucre. Supprimez ces aliments les uns après les autres, petit à petit. Et ce n’est pas facile, parce que de nombreuses denrées en recèlent : ketchup, soda, goûtés, etc. On parle de sucre caché. Lisez donc les étiquettes, vous serez étonnés.

quantité

Où trouver ces micro-nutriments ? Dans l’écorce des céréales. Ce sont donc des céréales complètes. Mais attention, l’écorce est capable d’emmagasiner tous les pesticides et insecticides dont on inonde les champs. Il faut donc opter pour le bio. Achetez des CEREALES COMPLETES BIO. Et si ce n’est pas marqué que c’est complet, alors ce ne l’est pas ! Vous imaginez bien que vos chers enfants ne mangeront pas sans rechigner ces plats étranges, n’est-ce pas ? Alors comment faire ? Eh bien ne commencez pas par ça ! Et puis comme le lait pasteurisé n’est pas un des meilleurs aliments que la société ait trouvé (pour tout dire, ce n’est même pas un aliment), donnez à vos enfants plutôt du lait de « riz complet ». Et voilà enfin une entrée possible de micronutriments dans son alimentation. Le lait de riz (prenez le, complet) a un bon gout. Il est naturellement sucré. Mais vous l’aurez compris, ce n’est pas de la saveur sucrée dont il faut se méfier, mais du sucre dénaturé (aux antipodes de la nature). Malheureusement, il reste difficile à trouver. Je n’ai pas regardé sur le net. J’en ai trouvé au BIOCOOP du coin, seule enseigne à en proposer. Et en plus : made in France. Pas comme les autres, importés d’Italie (riche en malversation dans ce domaine). Sensiblement, vous découvrirez – sans cris, sans négociation et chantage, mais en douceur – que votre enfant mangera de plus en plus son assiette (à moins de cuisiner vraiment mal). Si ça ne marche pas, interrogez-vous : que vous lui avez-vous donné qui contenait du sucre ? Ne vous étonnez pas alors que ça ne marche pas. Ce n’est que plus tard que vous placerez une bonne garniture de fruits frais en évidence dans la cuisine. Cela donne envie et les enfants adorent. Enfin, dans un troisième temps, vous pourrez expérimenter des céréales complètes bio avec l’enfant. Si vous lui expliquez- ce qu’est une céréale complète, pourquoi l’écorce est importante (parce qu’elle contient toutes les vitamines, etc.) – et si vous rendez la cuisine intéressante, alors il participera et mangera de bon appétit le repas.

Peut-il tout de même manger des sucreries ?

J’aimerais dire non. Mais c’est impossible dans notre société. Du coup, nous avons décidé de l’autoriser uniquement dans les moments exceptionnels : fêtes, anniversaires, etc. Là, tout est permis, mais cela reste exceptionnel. Mais restez fermes. Ne cédez pas devant un magasin de bonbons. A 4 ans, un enfant est déjà en mesure de comprendre que le sucre dénaturé n’est pas bon. S’il était parfait, on en trouverait sous cette forme naturellement dans la nature. Ni vous, ni lui, ni moi n’en avons encore jamais rencontré. Donc ce n’est pas naturel. Et donc ce n’est pas pour notre corps si on le respecte un minimum.

Conclusion

Maintenant, vous savez pourquoi le sucre appelle le sucre. Vous savez reconnaître les carences « micronutrionnelles » et vous avez même une porte d’entrée pour y remédier. Le plus dur, après tout, était de trouver une porte et d’y mettre le pied. Tout le reste se fait naturellement ! Le chantage alimentaire se dissipera et n’occupera plus la première place du repas. En vérité, c’est tout l’enfant qui changera. Vous le verrez aussi sur son comportement. Je vous l’expliquerai plus tard. Mais pour l’heure, profitez de ces instants sereins ensemble.
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